28.04.20 - Actualités

"Spaghetti aux Cailloux"

« C’est une histoire triste, celle d’un couple très humble. Il est marin, elle reste à la maison et s’occupe un peu du jardin pour améliorer l’ordinaire. Ils habitent une cabane sur une plage de galets à Ischia, une île du sud-ouest de l’Italie. 

 

C’est l’hiver, et cela fait plusieurs semaines que le temps est très mauvais. Ils ne peuvent pas sortir le bateau ni partir pêcher, et ils commencent à avoir faim. La femme dit à son mari : « Il faut vraiment que tu trouves quelque chose à manger. » 

 

Il descend sur la plage, marche en regardant ses pieds, honteux de ne pouvoir nourrir sa famille. Par terre, des cailloux, avec des algues collées dessus. Il se dit que ce sera mieux que rien. Il les rapporte à la maison, et demande à sa femme de faire bouillir de l’eau, de réunir les dernières pâtes qu’il leur reste et de préparer des spaghettis aux cailloux. 

 

Sa femme prend de l’eau, du sel, ajoute quelques vieux spaghettis et y jette les galets. Comme elle constate que cela ne fait pas grand-chose, elle va au jardin, trouve une pomme de terre, l’ajoute à cuire dans l’eau des pâtes. Elle y met un peu d’ail et de persil – à moins que cela ne soit une mauvaise herbe. Elle trouve un vieux croûton de pain dur, qu’elle casse en morceaux par-dessus, et sert les spaghettis.

 

Ce plat, c’est une sorte de drame qui prouve que l’on peut toujours produire quelque chose avec un peu d’imagination et de dignité. Je suis admiratif de ceux qui n’ont presque rien et qui essaient malgré tout de faire bon, bien et joli. 

 

Lorsque je travaille, je pars toujours du minimum, j’essaie d’aller au centre du sujet, jamais autour. De voir comment on peut le cristalliser, en synthétiser l’âme. Réduire son volume pour augmenter sa masse. Quand on ne peut plus l’augmenter, c’est que le projet mérite d’exister. »


 Ph.S 

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